Diplômée de l’Ecole du Louvre et titulaire d’une licence en Histoire de l’Art, Hélène de Saint Lager s’initie très tôt aux métiers d’art, restauration de tableaux, modisme, sculpture, moulage et travail du métal.
Depuis plus de 20 ans, Hélène de Saint Lager séduit par l’originalité de son parcours, guidée par une esthétique aussi puissante qu’innovante, très liée aux matériaux qu’elle détourne de leur usage premier. Dans sa maison-atelier-laboratoire d’Ivry-sur-Seine, elle élargit sans cesse son exploration des matières où ricoche la lumière jusqu’à créer des objets inédits.
Dans son mobilier s’étage, strate après strate, une profondeur tactile faite de particules de couleurs incluses, comme autant de plans picturaux prisonniers d’un gel qui les unifie.
Elle se rapproche ainsi, peut-être inconsciemment, de la peinture. Elle « informe » la résine jusqu’à créer un tableau en trois dimensions où la matière s’évade dans la profondeur. Une sorte de « dripping all over » où l’artiste compose avec l’aléatoire, déploie et suspend un abîme sans fond ni bord dans lequel l’œil s’enchante et se perd.
Cette fascination, Hélène est la première à la vivre : « mes obsessions sont de matières et de sédiments. Je superpose les couches de résine et leur jeté de matières fines, de flaques, de copeaux, de films holographiques. Le temps se fige, comme pris lui-même dans ce glacis transparent ».
Outre la résine d’inclusion, Hélène travaille le bronze et l’aluminium « aléatoire » – dont elle fait des tables, des chaises, des luminaires, des miroirs, des totems – où ces flaques de métal soudées font naître des meubles innovants, intemporels, des sculptures utiles, pourrait-on dire. « Je travaille avec mon fondeur cette matière dangereuse. Chaque louche de métal en fusion se répand comme du mercure frémissant dans le moule de sable réfractaire ou sur la plaque d’acier épaisse. Le magma s’organise et se fige, saisi presque instantanément par l’air dans des formes telluriques. »
Ainsi, la même hypnose s’opère, que ce soit le travail de la résine ou celui de l’aluminium. L’œuvre garde la trace de cette mise au monde à la fois hasardeuse et contrôlée.
Le grand décorateur Jacques Garcia fut l’un des premiers à remarquer sa singularité et à lui passer de nombreuses et importantes commandes pour ses chantiers. C’est ainsi qu’elle a réalisé le mobilier en résine de Schiaparelli à Paris, dont une grande table-fleur et une profusion de papillons qui volètent, immobiles, sur les rampes d’escalier et sur les miroirs. Puis les grands luminaires-cloches pour « l’Institution » à Lyon, une très longue table de dégustation pour Maison Vougeot et des tables pour les suites de l’hôtel La Réserve à Paris. Viennent ensuite, pour un grand hôtel à Doha, des tables de café en résine, de grands miroirs en aluminium, une décoration murale pour des ascenseurs. Ainsi que des commandes de pièces parfois immenses pour ses clients privés (St Moritz, Monaco).
Son univers est également apprécié du grand architecte newyorkais Peter Marino, qui lui commande régulièrement des tables pour les boutiques Louis Vuitton, Christian Dior à Londres, New York, Hong Kong, Tokyo, Séoul.
Elle vient de faire de grands miroirs dorés à la feuille pour Chaumet à Paris et Londres.
Hélène de Saint Lager a exposé ses tapis à la galerie Artcurial (Pierre-Alain Challier), ses résines à la galerie du Passage (Pierre Passebon) et ses « alualéatoires » à la galerie Arcturus (Anne de La Roussière). Et, récemment, une grande exposition à la Davies Street Gallery à Londres . Elle exposera ses nouvelles créations à Twenty First Gallery NY en septembre 2021
Nul doute que cette artiste saura approfondir encore le vertige visuel où elle nous précipite au gré de ses créations expérimentales et raffinées.
Philippe de Croix